Lila Borsali

Lila Borsali

Pour introduire cette approche biographique d’une artiste dont le talent comme l’originalité en matière de musique andalouse font actuellement l’unanimité auprès de son public, faisons d’abord un grand saut dans le temps pour retrouver une petite fille , baignant déjà dans un milieu de mélomanes et très tôt initiée aux sons et aux premières pratiques d’une musique dont elle fera , au fur et à mesure de son avancée dans le temps, sa passion et sa raison d’être. Ne dit-on pas souvent qu’une carrière se prépare depuis la tendre enfance ? En effet, dès l’âge de 11ans, Lila reçoit, sous la direction de Fewzi Kalfat,  sa première formation au sein de l’Association «Ahbab Cheikh Larbi Bensari »dont elle deviendra très rapidement une des solistes. En 1994, elle s’installe en France et devient co-fondatrice d’une association de musique andalouse « Les Airs Andalous » dirigée par Mr. Abdelkrim Bensid, qui va être  son maître pendant toutes les années qu’elle passera à Paris. De ce long apprentissage, elle retiendra principalement, en héritage de son formateur, l’exigence de qualité et de  rigueur absolue dans l’exécution de la Nouba Andalouse.

En 2009, elle rentre en Algérie, plus exactement à Alger, où elle intègre l’Association Les Beaux Arts, sous la direction de Mr. Abdelhadi Boukoura. Cette expérience fut, elle aussi, déterminante dans sa carrière. Elle lui permit d’abord d’élargir son horizon musical à l’école d’Alger et  surtout de penser cette ouverture comme le lieu possible d’une réflexion qui, au-delà de toutes les différences qui caractériseraient les uns et les autres, autoriserait un regard globalisant sur tout le patrimoine musical algéro-andalou. Fortement encouragée par Abdelhadi Boukoura, elle entame en 2010 une carrière professionnelle et fait de toutes ces années d’expériences diversifiées, le ciment en même temps que le fil conducteur d’une recherche dont elle fera sa marque très personnelle. Son premier album, «Fraq Lahbab» dans le style Hawzi, donne le coup d’envoi à sa carrière. Animée du souci de pénétrer encore davantage un patrimoine d’une richesse exceptionnelle, elle y reprend, pour mieux les partager avec lui, des textes peu connus du grand public. Les deux albums qui vont suivre, dans la Nouba, respectivement « Rasd-Eddil » et « Ghrib », procèdent du même esprit et nous offrent le plaisir de découvrir avec l’interprète parmi les plus belles pièces du patrimoine musical andalou.

En 2015, elle entame, en étroite collaboration avec le Pr Tewfik Benghabrit, et dans le respect absolu des normes qui gèrent ce genre poético-musical, un travail d’écriture et de composition d’une Nouba. Ce sera l’objet d’un quatrième album intitulé « Nouba Housn Es-Selim », en hommage à son défunt époux.  Une première innovation qui fut accueillie très favorablement par le grand public comme par nombreux spécialistes en la matière.

L’année 2018 a été ( toujours en collaboration avec Tewfik Benghabrit) particulièrement marquante. Elle a été celle d’un vrai tournant artistique, avec d’abord  un cinquième album qu’elle intitule très joliment « Pour l’Espoir »,  mais auquel elle associe en écho un court-métrage musical réalisé par une sommité du cinéma Algérien Mr. Belkacem Hadjadj , titré «  Laissez moi aimer ». La marque prégnante de la nouba comme du film qui lui est lié, c’est la portée sociale délibérément choisie par l’artiste , mais dans une sorte de hors temps qui permet, dans l’association de deux récits appartenant à deux périodes très éloignées l’une de l’autre, de les rapprocher jusqu’à en faire un seul et même lieu de dénonciation de tout ce qui, en matière de contraintes sociales de tout ordre, empêche l’être humain d’aimer !

Fortement  imprégnée de l’idée majeure que tout legs patrimonial ne continue à vivre que si on le réactualise constamment à partir de ce qui le fonde et le constitue, elle  défend  l’idée que le patrimoine EST créativité. Concrètement, elle n’hésite pas à inclure dans ses premiers concerts autour de la nouba « Pour l’espoir », et en les faisant dialoguer, d’autres formes d’expression artistiques telles que la danse contemporaine ou encore la narration théâtrale. Ce qui donne encore plus d’épaisseur artistique et de valeur esthétique à un univers musical déjà existant.

Dans le même ordre d’idées, Lila Borsali innove également avec un  concept très attrayant, celui des  concerts à thème  « Contes et chants » qui offrent au public une promenade au cœur du patrimoine poético musical andalou et, qui en plus qu’ils les contextualisent, donnent aux pièces choisies du sens dans l’optique de la thématique proposée. Ces spectacles ont eu un écho très favorable du public et de la presse. Sans doute le plus apprécié, celui intitulé  « Il était une fois…à Grenade » a été produit ( ?) fois, en Algérie comme à l’étranger et fera très bientôt l’objet d’un enregistrement en format CD.

Notons que le palmarès de Lila Borsali est marqué par la participation à de grands festivals et événements artistiques nationaux et internationaux.

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